La lettre à Helga (2010) – Bergsveinn Birgisson

Lettera amorosa

A l’automne de sa vie, Bjarni, un humble fermier islandais, prend la plume pour écrire une ultime lettre à la femme qu’il a toujours aimée et qui ne fut jamais sienne, Helga.

Dans un monologue émouvant et jamais ennuyeux de 131 pages, le narrateur revient sur sa vie chiche, son amour de la terre et des animaux, et sur cette passion déchirante à laquelle il n’aura finalement jamais pu se résoudre totalement. Certains passages amoureux sont d’une telle mélancolique lumière qu’ils m’ont fait pleurer de joie et de tristesse mêlées. J’ai été plus que bouleversée par cette lecture qui, une fois encore, m’a énormément parlé. (Car lire, c’est toujours se lire).

D’une part car c’est le cadeau d’une amie très chère (qui ne pouvait pas mieux tomber), d’autre part car j’ai été saisie par la poésie sobre, la sensibilité délicate et dénuée de tout misérabilisme de ce roman magnifique. Roman d’amour qui est aussi une vibrante déclaration d’amour au vivant, à la terre nourricière, qui prend parfois des allures de pamphlet écologiste d’une grande finesse et subtilité.

Cet enfant né d’un amour impossible entre deux êtres qui jamais ne parvinrent à se rejoindre va me hanter longtemps, tout comme le portrait sans fard d’un homme qui ne se berce plus d’illusions et atteint ainsi une sagesse enviable, un dénuement apaisé. Infiniment touchant.

Qui suis-je ? Voilà une question difficile à répondre.



Je suis une femme, une mère, une Française, une fille, une amoureuse, une attachée de presse freelance et aussi (et peut-être surtout) : je suis une lectrice. Les livres ont fait bien plus que m’accompagner, me tenir compagnie, bien plus que me sauver du désespoir. Ils m’ont façonnée, ils ont sculpté ma sensibilité, mon âme, ma culture. Ils m’ont faite telle que je suis, je suis le résultat vivant de mes lectures. Ils m’ont tout appris de la vie, de l’amour, des cahots du destin, du courage qu’il faut pour exister. Je pourrais vivre sans écrire, mais je ne pourrais pas vivre sans lire, j’appellerais ça vivre à moitié.

A l’époque difficile, tendance totalitaire, qui est la nôtre, les pages sont plus que jamais indispensables. En 1920 déjà, l’écrivain André Suarès prophétisait que le livre serait « le dernier refuge de l’homme libre » : une affirmation plus que jamais d’actualité.

Et que je compte bien défendre.

Anaïs Lefaucheux
Critique & conseillère littéraire

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