L’auteur et moi (2012) – Eric Chevillard

C.R.A.Z.Y

Fou.

C’est certainement le premier adjectif qui me vient à l’esprit en refermant ce livre, le premier que je lis d’Éric Chevillard, dont j’entends chanter les louanges depuis mes années fac.

Je pense que je ne considérerai plus jamais un plat de gratin de chou-fleur de la même manière après cette lecture – tout comme la truite aux amandes, d’ailleurs. Eric Chevillard s’amuse, avec un talent dingue, une inventivité totale, absolue et permanente du langage, jonglant avec toutes les ressources du vocabulaire possibles et imaginables, à nous servir un véritable feu d’artifice littéraire à chaque page (pour reprendre les mots de Pierre Jourde à son endroit).

Créativité, folie, incursion de l’auteur dans son récit via de longues notes de bas de page sont légion au sein de ces deux histoires parallèles complètement frappées (un type raconte à une inconnue sa haine du gratin de chou-fleur, qu’on lui a servi par mégarde à la place d’une truite aux amandes ; un homme désœuvré se met à suivre une fourmi…)

Un régal de drôlerie, d’absurdité et de créativité à tous les niveaux. Bref, un bouquin génialement timbré, littérairement étincelant, avec un sens de la formule jubilatoire : merveille à mettre entre toutes les mains !

Qui suis-je ? Voilà une question difficile à répondre.



Je suis une femme, une mère, une Française, une fille, une amoureuse, une attachée de presse freelance et aussi (et peut-être surtout) : je suis une lectrice. Les livres ont fait bien plus que m’accompagner, me tenir compagnie, bien plus que me sauver du désespoir. Ils m’ont façonnée, ils ont sculpté ma sensibilité, mon âme, ma culture. Ils m’ont faite telle que je suis, je suis le résultat vivant de mes lectures. Ils m’ont tout appris de la vie, de l’amour, des cahots du destin, du courage qu’il faut pour exister. Je pourrais vivre sans écrire, mais je ne pourrais pas vivre sans lire, j’appellerais ça vivre à moitié.

A l’époque difficile, tendance totalitaire, qui est la nôtre, les pages sont plus que jamais indispensables. En 1920 déjà, l’écrivain André Suarès prophétisait que le livre serait « le dernier refuge de l’homme libre » : une affirmation plus que jamais d’actualité.

Et que je compte bien défendre.

Anaïs Lefaucheux
Critique & conseillère littéraire

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