Sa Majesté des Mouches (1954) – Wiliam Golding

Cendre est l’ennui

C’est très contente que je referme ce livre, tant je n’en voyais pas la fin. Dernières pages qui sont peut-être la partie la plus réussie de ce roman infiniment ennuyeux et creux dans son ensemble.

Le règlement, c’est la seule chose qu’on ait.

L’idée était pourtant bonne : placer une bande de jeunes garçons (on ne sait d’ailleurs pas ce qui leur est arrivé) sur une île déserte et les laisser se débrouiller. Une sorte de robinsonnade de petits explorateurs, soit. Les petits Anglais s’expriment de façon très désuète, détail que rend une traduction aujourd’hui vieillotte et passée de mode.

On penserait que les petits bourgeois galèreraient dans la jungle en pleurant leur maman : que nenni ! C’est avec une facilité déconcertante qu’ils allument un brasier avec un verre de lunettes  et égorgent un cochon sauvage (n’importe quoi).

Au début, tout se passe bien, le groupe se choisit un chef, tout le monde est enthousiaste face à cette « aventure » et cette expérience qui fait d’eux des « conquérants » parfaitement libres. Et puis, le temps passant, les peurs immémoriales d’une « bête » tapie dans les fourrés se faisant jour, les relations se tendent et les oppositions s’exacerbent, jusqu’au drame.

J’ai lu ça et là que « Lord of the flies » serait le roman de la cruauté de l’enfance, je ne sais pas. Je n’ai pas trouvé car dans l’ensemble, oui, les enfants s’engueulent mais ils ne se veulent pas vraiment de mal (jusqu’à très tard dans l’histoire).

Non, j’ai surtout baîllé, infiniment baîllé face à leurs discussions chiantes à mourir et décousues qui vont dans tous les sens, leurs éternelles joutes sur la nécessité de maintenir le feu, l’identité de celui qui a « la conque » (chef qui rassemble) et blablabla et des descriptions des roches, des palmiers, de l’eau et des fourrés à n’en plus finir…

Au secours !
La fin est expédiée en quelques lignes, j’ai été sidérée – mais soulagée d’en finir.

Caractère « culte » de cette œuvre incompréhensible.
Allez hop, direction la boîte à livres ! 

Qui suis-je ? Voilà une question difficile à répondre.



Je suis une femme, une mère, une Française, une fille, une amoureuse, une attachée de presse freelance et aussi (et peut-être surtout) : je suis une lectrice. Les livres ont fait bien plus que m’accompagner, me tenir compagnie, bien plus que me sauver du désespoir. Ils m’ont façonnée, ils ont sculpté ma sensibilité, mon âme, ma culture. Ils m’ont faite telle que je suis, je suis le résultat vivant de mes lectures. Ils m’ont tout appris de la vie, de l’amour, des cahots du destin, du courage qu’il faut pour exister. Je pourrais vivre sans écrire, mais je ne pourrais pas vivre sans lire, j’appellerais ça vivre à moitié.

A l’époque difficile, tendance totalitaire, qui est la nôtre, les pages sont plus que jamais indispensables. En 1920 déjà, l’écrivain André Suarès prophétisait que le livre serait « le dernier refuge de l’homme libre » : une affirmation plus que jamais d’actualité.

Et que je compte bien défendre.

Anaïs Lefaucheux
Critique & conseillère littéraire

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