Courage ! Manuel de guérilla culturelle (2019) – François Bousquet

L’art de la guérilla

Je ne compte pas les phrases soulignées dans ce viatique philosophique à l’usage des nouveaux samouraïs de la culture en Europe, mais elles sont nombreuses. Déjà parce que François Bousquet est une fine lame du journalisme hexagonal (malheureusement trop méconnue), et que je partage bon nombre de ses constats sur la déliquescence du système actuel et sur le stade terminal de son hégémonie culturelle.

Bousquet dresse un portrait sans concessions de notre époque, déplorant, à la suite de Soljenitsyne dans son discours de Harvard, l’absence de courage, d’héroïsme même, qui la caractérise. Et pointe du doigt une tendance lourde : comment un monde où il n’y a plus que des victimes pourrait-elle produire des héros ? Nous sommes témoins chaque jour de l’application de cette politique de la pitié (Arendt), de ces incessantes pleurnicheries, de cette compétition victimaire permanente (femmes, homosexuels, racisés, musulmans etc) qui ne font pas honneur à la grandeur et à la noblesse dont est pourtant capable l’être humain – des valeurs qui ont porté l’Homme aux grandes actions, aux vastes conquêtes à travers les siècles. Qui ont fait sa grandeur et l’honneur de son règne.

Bousquet en appelle à la relecture des grandes épopées, autant d’exempla dont l’homo numericus devrait s’inspirer. Bousquet invite ses lecteurs à la lutte, à la guérilla culturelle afin de faire vaincre de nouvelles idées sur le sol européen et partir à la reconquête de notre civilisation en perdition. Il appelle à lutter pied à pied contre le système en place, à ne rien laisser passer. Il a conscience de l’ampleur de l’entreprise et appuie ses dires sur la phrase de Chomsky : « La propagande est à la société démocratique ce que la matraque est à l’état totalitaire ».

Il oriente ensuite ses analyses en utilisant les passionnantes théories d’Antonio Gramsci, philosophie italien, qui a le premier expliqué le phénomène d’hégémonie culturelle et écrit notamment un essai qui devrait nous parler de ce que nous traversons intitulé Je hais les indifférents et plusieurs Cahiers de prison précieux durant son incarcération par les fascistes. Aujourd’hui, nos Bastille sont essentiellement mentales, et s’éclairent à la suite des conclusions du Discours de la servitude volontaire : La Boétie en vient même à se demander si les routines de la sujétion ne nous ont pas mithridatisés à la manière d’un poison lent qui nous aurait collectivement immunisés contre le désir de liberté.

Et pourtant, le Prince (de Machiavel), nous le connaissons, c’est « le Peuple ». Alors, comment reprendre le contrôle de notre civilisation, le pouvoir sur nos libertés ? Bousquet n’a évidemment pas la réponse mais nous offre de très intéressantes pistes de réflexion autour de cette grandeur qui nous fait défaut et de cette envie de ne plus vivre dans le mensonge. Il donne de très nombreux exemples dans l’Histoire, même récente, et appelle au sursaut, en vertu notamment du principe de la fenêtre d’Overton dont les lectures idéologiques peuvent varier du tout au tout. Douze euros à donner à une maison d’édition patriote et éclairée (La Nouvelle librairie) qui publie ici une plume parmi les meilleures que je connaisse et qui vous donnera envie de passer à l’action et de sortir définitivement de la Caverne.

Richement étayé, truffé de citations enthousiasmantes et de modèles galvanisants, Courage est un de ces essais indispensables, surtout au coeur de la période si sombre que nous traversons.. Un essai qui propose enfin des espoirs, des horizons qui chantent un peu plus gais : quel bonheur…

Au menu de ce réjouissant essai que je vous recommande chaudement : – Le courage est notre patrie – Homère, éducateur de l’Europe – La raison contre le courage – Malheur aux lâches, ils seront vaincus ! – Sortir de la « spirale du silence », les cercles vertueux du courage – La guerre des yeux, je fuis ou je suis – « Je hais les indifférents », Antonio Gramsci et nous – Qui veut faire son coming out ? – La règle de la minorité intransigeante – Pourquoi il faut lire Alexandre Soljenitsyne, athlète et moujik – La leçon 1 de Soljenitsyne, ne pas vivre dans le mensonge – La leçon 2 de Soljenitsyne; « tuez les mouchards » – Le mensonge est une bulle – La production de la parole autorisée – La fenêtre d’Overton, the place to be – Le champ de bataille de l’hégémonie, le consentement et la force – Comment rallier la société civile, la coproduction du pouvoir – Le choix de la guérilla culturelle – La guerre asymétrique ? Combien de commandos – La Nouvelle Librairie, nos ZAD sont des ZAR (Zones à Reprendre) – Dominique Venner, la mort du samouraï, son sacrifice et le nôtre – Annexe : le manifeste des Treize

Qui suis-je ? Voilà une question difficile à répondre.



Je suis une femme, une mère, une Française, une fille, une amoureuse, une attachée de presse freelance et aussi (et peut-être surtout) : je suis une lectrice. Les livres ont fait bien plus que m’accompagner, me tenir compagnie, bien plus que me sauver du désespoir. Ils m’ont façonnée, ils ont sculpté ma sensibilité, mon âme, ma culture. Ils m’ont faite telle que je suis, je suis le résultat vivant de mes lectures. Ils m’ont tout appris de la vie, de l’amour, des cahots du destin, du courage qu’il faut pour exister. Je pourrais vivre sans écrire, mais je ne pourrais pas vivre sans lire, j’appellerais ça vivre à moitié.

A l’époque difficile, tendance totalitaire, qui est la nôtre, les pages sont plus que jamais indispensables. En 1920 déjà, l’écrivain André Suarès prophétisait que le livre serait « le dernier refuge de l’homme libre » : une affirmation plus que jamais d’actualité.

Et que je compte bien défendre.

Anaïs Lefaucheux
Critique & conseillère littéraire

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