Einstein, le sexe et moi (2018) – Olivier Liron

La vie est un jeu (et une bataille)

Bon, alors, bien sûr, c’est tendre, c’est rigolo, c’est fantaisiste, c’est touchant, c’est plein de petites tournures et comparaisons surréalistes, de tentatives poétiques. Oui, bien entendu. Le genre de récit (car le mot roman apposé en couverture est abusif, l’autobiographie étant totalement assumée par l’auteur) très consensuel, difficile à critiquer tant le sujet de fond suscite notre empathie.

En effet, Olivier Liron est autiste Asperger et doté d’une mémoire phénoménale : il va mettre à profit ses capacités pour remporter plusieurs fois Questions pour un champion. Il raconte dans ce livre sa participation à la super finale, comment et pourquoi il s’y est préparé, l’ambiance avec les concurrents – et surtout l’inénarrable Julien Lepers. Le jeu est décrit comme une allégorie de la vie, un combat à remporter coûte que coûte contre un adversaire qu’il convient de déstabiliser, de prendre de court etc.

Les dialogues avec Lepers durant le jeu sont sans doute les passages les plus drôles du récit, des moments envahis de points d’exclamation, aux enchaînements souvent surréalistes. Olivier entrecoupe son compte-rendu de l’émission de remontées de souvenirs, qui vont de la douloureuse enfance brimée aux questionnements sexuels ou sentimentaux. On ne peut qu’être admiratif du parcours de ce garçon (comment ne pas aimer quelqu’un qui confesse que la poésie lui a sauvé la vie ?), de son courage et de ses qualités intellectuelles autant que sensibles. Maintenant je vais apporter un bémol au concert de louanges que j’ai entendu partout.

Car on ne peut pas mettre sur un même pied d’égalité tous les bouquins qui sortent. Déjà – un détail et non des moindres : ce n’est pas un roman, il n’y a pas de travail d’imagination, l’auteur restitue ce qu’il a vécu, point. C’est un récit divertissant, léger, sans doute cathartique pour Olivier Liron, mais un peu facile à mon goût, puisqu’une bonne partie est d’ailleurs constitué des questions- réponses du jeu, des réactions de l’animateur et des candidats. Peu exigeant littérairement parlant, très égocentré forcément (même si ce n’est pas toujours un reproche), Einstein, le sexe et moi est un petit bonbon agréable mais pour moi assez dispensable et dont je doute fort de la pérennité à moyen et long terme. En conclusion : choupinet, mais oubliable.

Qui suis-je ? Voilà une question difficile à répondre.



Je suis une femme, une mère, une Française, une fille, une amoureuse, une attachée de presse freelance et aussi (et peut-être surtout) : je suis une lectrice. Les livres ont fait bien plus que m’accompagner, me tenir compagnie, bien plus que me sauver du désespoir. Ils m’ont façonnée, ils ont sculpté ma sensibilité, mon âme, ma culture. Ils m’ont faite telle que je suis, je suis le résultat vivant de mes lectures. Ils m’ont tout appris de la vie, de l’amour, des cahots du destin, du courage qu’il faut pour exister. Je pourrais vivre sans écrire, mais je ne pourrais pas vivre sans lire, j’appellerais ça vivre à moitié.

A l’époque difficile, tendance totalitaire, qui est la nôtre, les pages sont plus que jamais indispensables. En 1920 déjà, l’écrivain André Suarès prophétisait que le livre serait « le dernier refuge de l’homme libre » : une affirmation plus que jamais d’actualité.

Et que je compte bien défendre.

Anaïs Lefaucheux
Critique & conseillère littéraire

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