Femme désirée, femme désirante (2006) – Danièle Flaumenbaum

Touche-toi, ma fille !

Passés les rappels anatomiques (fort salutaires) utiles à toute femme désirant mieux connaître ce qu’elle est et quelques enfonçages de portes ouvertes sur l’hérédité familiale, l’auteur se perd dans un discours d’une ambiguïté malsaine, notamment lorsqu’elle aborde l’intimité des parents par rapport à la petite fille qui se construit. Je vous laisse juger sur pièces :

Il est important que la fille comprenne en quoi leur intimité renforce ses parents l’un l’autre, qu’elle le découvre au fil du temps et à travers ce que ses parents en témoignent. C’est ainsi qu’elle comprendra que la sexualité n’est pas seulement une histoire de reproduction, mais aussi de plaisir. Si sa mère lui dit [ACCROCHEZ-VOUS BIEN] : « Le sexe de ton amoureux deviendra gros et fort quand il sera en toi, et toi tu seras toute contente comme je le suis maintenant avec ton père. »

Ce genre de discours, quand l’adresser à son enfant, me demanderez-vous naïvement ? Eh bien, disons vers 5-6 ans, ainsi que le préconise l’auteure. Oui, sinon si on ne verbalise pas le cul et le désir, vous comprenez, l’enfant va l’intégrer comme un tabou et aura des problèmes dans sa vie sexuelle. Elle nous conseille aussi d’enjoindre nos enfants à se masturber (enfin à connaître son corps), à se donner du plaisir dès qu’ils sont en âge de se tripoter, disons vers 2 ans. Je vais peut-être passer pour une vieille (née en 85) réac puritaine mais ce genre de discours inspiré des méthodes d’Alfred Kinsey, le scientifique pédophile qui a théorisé le viol d’enfant, ce sera sans moi, merci. Je suis même à deux doigts de dénoncer publiquement ce genre d’ouvrage aux messages discrètement abjects. Nouvelle saillie quelques pages plus loin :

La père a d’ailleurs son rôle à jouer pour permettre au couple de se retrouver. Par exemple, il peut dire à sa fille : Trouve une occupation pour un temps, parce qu’avec ta mère, on a envie de se retrouver tous les deux pour faire l’amour.

Je vous passe les passages à la tonalité quasi-raëlienne, l’auteure se prend pour une sorte de gourou invitant à reconnecter les énergies des sexes – et je dirais juste au Dr Danièle Flaumenbaum, gynécologue new age que, décidément, ce sont vraiment les cordonniers les plus mal chaussés. Et qu’elle aurait sans doute elle-même grand besoin de se faire soigner car là, ça débloque sévèrement. Un essai hallucinant et surtout potentiellement dangereux.

Qui suis-je ? Voilà une question difficile à répondre.



Je suis une femme, une mère, une Française, une fille, une amoureuse, une attachée de presse freelance et aussi (et peut-être surtout) : je suis une lectrice. Les livres ont fait bien plus que m’accompagner, me tenir compagnie, bien plus que me sauver du désespoir. Ils m’ont façonnée, ils ont sculpté ma sensibilité, mon âme, ma culture. Ils m’ont faite telle que je suis, je suis le résultat vivant de mes lectures. Ils m’ont tout appris de la vie, de l’amour, des cahots du destin, du courage qu’il faut pour exister. Je pourrais vivre sans écrire, mais je ne pourrais pas vivre sans lire, j’appellerais ça vivre à moitié.

A l’époque difficile, tendance totalitaire, qui est la nôtre, les pages sont plus que jamais indispensables. En 1920 déjà, l’écrivain André Suarès prophétisait que le livre serait « le dernier refuge de l’homme libre » : une affirmation plus que jamais d’actualité.

Et que je compte bien défendre.

Anaïs Lefaucheux
Critique & conseillère littéraire

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