L’idole (2009) – Serge Joncour

L’illustre inconnu

Comment dire tout l’éclat, la singularité et la profondeur de ce livre en quelques mots ?

Comment vous donner envie de le lire sur-le-champ, après avoir lu ma critique ?

Je commencerais par dire que c’est un livre qui nous parle de notre temps, de notre époque et de son incessante sécrétion de stars éphémères qui, comme Georges Frangin dans ce livre, sont célèbres pour n’avoir rien fait (Nabilla, Kim etc. )

Le narrateur de ce roman se lève un matin et découvre qu’il est sorti de l’anonymat, que tout le monde le reconnaît et cherche à l’approcher, sans ce qu’il sache ce qui lui vaut cette soudaine notoriété. Serge Joncour déroule ensuite ce nouveau quotidien de star, entre échanges absurdes avec les médias sur des plateaux de télé, moments cocasses et privilèges insignes aux côtés des grands de ce monde.

Mais ce qui m’a le plus touchée, ce sont ces courts chapitres (mention spéciale à « L’alcool nous fait ressembler à ce qu’on n’est pas ») où il délivre des réflexions très personnelles d’une profondeur émouvante : solitude, désarroi existentiel, questionnement sur l’enfantement et la filiation… Des moments d’introspection qui m’ont fait chavirer, que j’ai trouvés véritablement touchés par la grâce, avec toujours chez Joncour, cette frontière floue entre la parole du personnage et celle de l’auteur, qui le rend si proche et suscite chez le lecteur une incroyable empathie.

Je sors de ce livre encore plus admirative du talent de cet auteur, avec qui j’ai eu l’impression d’avoir eu une conversation intime qui ne s’adressait qu’à moi.

Comme quoi, lire reste vraiment « se lire ».

Qui suis-je ? Voilà une question difficile à répondre.



Je suis une femme, une mère, une Française, une fille, une amoureuse, une attachée de presse freelance et aussi (et peut-être surtout) : je suis une lectrice. Les livres ont fait bien plus que m’accompagner, me tenir compagnie, bien plus que me sauver du désespoir. Ils m’ont façonnée, ils ont sculpté ma sensibilité, mon âme, ma culture. Ils m’ont faite telle que je suis, je suis le résultat vivant de mes lectures. Ils m’ont tout appris de la vie, de l’amour, des cahots du destin, du courage qu’il faut pour exister. Je pourrais vivre sans écrire, mais je ne pourrais pas vivre sans lire, j’appellerais ça vivre à moitié.

A l’époque difficile, tendance totalitaire, qui est la nôtre, les pages sont plus que jamais indispensables. En 1920 déjà, l’écrivain André Suarès prophétisait que le livre serait « le dernier refuge de l’homme libre » : une affirmation plus que jamais d’actualité.

Et que je compte bien défendre.

Anaïs Lefaucheux
Critique & conseillère littéraire

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