L’ombre du vent (2001) – Carlos Ruiz Zafon

Tourbillon romanesque

Dire que ce livre est un coup de cœur, que je l’ai adoré serait un euphémisme : j’ai parcouru la dernière page ce matin même (la main cachant les dernières phrases, comme à mon habitude), avec un mélange de nostalgie et d’exaltation : quel livre, mes amis, QUEL LIVRE !

Longtemps qu’un roman ne m’avait pas emportée de la sorte.

Certaines œuvres m’ont énormément plu récemment, mais j’avais toujours une petite part de réserve cachée quelque part, un petit manque qui signait l’incomplétude. Là, pour moi, c’est le livre total, le livre-somme, celui qui parvient avec une merveilleuse maestria, à mêler fantastique, politique, philosophie, roman initiatique, thriller et histoires d’amour…

C’est un livre qui pour moi, peut plaire à tout le monde : des amateurs de lecture dilettante aux littéraires les plus intransigeants – quelle gageure ! Je n’ai pas envie ici d’en faire le résumé car l’histoire est trop dense, c’est (comme le dit la 4ème de couv) un mikado d’intrigues qui ne pourrait s’envelopper en une ou deux phrases, des histoires qui se télescopent, des allers et retours temporels, une incroyable galerie de personnages qui me marquera à jamais.

Mention spéciale à Fermin, petit bonhomme dont j’ai adoré la truculence, la sagesse proverbiale, la sincérité et la bonté : je n’ai qu’un regret, ne jamais pouvoir le rencontrer… J’ai frémi, souri – parfois même ri ! – presque pleuré, réfléchi, espéré, ai été attendrie, révoltée, choquée : tout cela en près de 700 pages qui passent comme un éclair !

Enfin, je voudrais rendre un hommage très appuyé au traducteur, François Maspero : dès le début de ma lecture, j’ai senti que nous avions affaire à un écrivain, et je ne m’étais pas trompée. Sa plume est absolument éblouissante, elle parvient (challenge!) à rendre la poésie et le suspense de la langue originale avec un brio extraordinaire que j’ai goûté avec une délectation toute particulière.

On ne pense pas assez souvent à ces passeurs d’histoires que sont les traducteurs et à leur fantastique travail, sans lequel tant de mondes nous resteraient fermés. Un livre qui m’a bouleversée, renversée, émue, séduite.

Encore un auteur qui a su me parler, d’âme à âme.

Merci, Monsieur Zafon, merci pour ce moment hors du temps.

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Qui suis-je ? Voilà une question difficile à répondre.



Je suis une femme, une mère, une Française, une fille, une amoureuse, une attachée de presse freelance et aussi (et peut-être surtout) : je suis une lectrice. Les livres ont fait bien plus que m’accompagner, me tenir compagnie, bien plus que me sauver du désespoir. Ils m’ont façonnée, ils ont sculpté ma sensibilité, mon âme, ma culture. Ils m’ont faite telle que je suis, je suis le résultat vivant de mes lectures. Ils m’ont tout appris de la vie, de l’amour, des cahots du destin, du courage qu’il faut pour exister. Je pourrais vivre sans écrire, mais je ne pourrais pas vivre sans lire, j’appellerais ça vivre à moitié.

A l’époque difficile, tendance totalitaire, qui est la nôtre, les pages sont plus que jamais indispensables. En 1920 déjà, l’écrivain André Suarès prophétisait que le livre serait « le dernier refuge de l’homme libre » : une affirmation plus que jamais d’actualité.

Et que je compte bien défendre.

Anaïs Lefaucheux
Critique & conseillère littéraire

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