Sérotonine (2019) – Michel Houellebecq

Pervers pépère

Je referme écœurée ce roman à la page 222.

Non seulement il est ennuyeux, déprimant, inintéressant dans son propos mais, comble de l’indécence, d’une ambiguïté malsaine, au fond vraiment dégueulasse (absentes des autres œuvres à ce point). On sent que le Michel prend un sale plaisir à déverser tous ses vieux fantasmes sur ses pages, mais franchement on se serait fort bien passés de cet affreux éjaculat littéraire. Je suis sidérée de voir l’hystérie médiatique autour de ce dernier opus du plus dépressif des écrivains tricolores (dont j’avais pourtant tant aimé certains romans, dont Soumission).

Une couverture médiatique qui devrait être réservée aux chefs d’œuvre, quel que soit le nom de l’auteur. J’ai trouvé ce livre d’une médiocrité indigne, c’est un peu facile de prétendre le 8ème degré quand on se complaît dans la description détaillée d’une gamine qui se met des doigts devant un satyre qui la filme ou d’une femme qui se fait prendre par une chèvre… Tellement intellectuel, vous comprenez ! Ah non ? C’est que vous n’êtes décidément pas sensible au génie subversif. .. Un type d’une telle intelligence capable d’une telle laideur à la fois stylistique et thématique ne mérite plus mon respect.

Trop facile d’écrire des horreurs en se faisant passer pour torturé, blasé, ne se souciant plus du qu’en dira-t-on, punk et j’en passe. Pour ma part, je laisse tomber. Faut-il qu’il n’ait plus rien à dire pour en être réduit à de telles extrémités pour continuer de s’attirer les faveurs des médias bobos. D’autres romans méritent bien davantage qu’on s’y attarde, malheureusement ils n’ont pas le même battage médiatique. Triste époque d’une vacuité sidérante, capable de monter en épingle des œuvres aussi ratées, pire ! Aussi immondes.

Qu’il ait la sagesse d’arrêter d’écrire si c’est pour pondre ce genre d’horreur : comme tous ceux qui ont trop tiré sur le fil, ses bonnes années semblent désormais derrière lui.

Qui suis-je ? Voilà une question difficile à répondre.



Je suis une femme, une mère, une Française, une fille, une amoureuse, une attachée de presse freelance et aussi (et peut-être surtout) : je suis une lectrice. Les livres ont fait bien plus que m’accompagner, me tenir compagnie, bien plus que me sauver du désespoir. Ils m’ont façonnée, ils ont sculpté ma sensibilité, mon âme, ma culture. Ils m’ont faite telle que je suis, je suis le résultat vivant de mes lectures. Ils m’ont tout appris de la vie, de l’amour, des cahots du destin, du courage qu’il faut pour exister. Je pourrais vivre sans écrire, mais je ne pourrais pas vivre sans lire, j’appellerais ça vivre à moitié.

A l’époque difficile, tendance totalitaire, qui est la nôtre, les pages sont plus que jamais indispensables. En 1920 déjà, l’écrivain André Suarès prophétisait que le livre serait « le dernier refuge de l’homme libre » : une affirmation plus que jamais d’actualité.

Et que je compte bien défendre.

Anaïs Lefaucheux
Critique & conseillère littéraire

Rester en contact

Restez informé·e !
Chaque semaine, retrouvez mes coups de cœur du moment, trouvailles, rencontres et hasards littéraires qui offrent un supplément d'âme au quotidien !