Anthracite (2016) – Cédric Gras

La couleur de l’avenir

Bon, déjà, le sujet ne m’intéressait guère, donc ça partait mal entre nous, Cédric.

Anthracite (fil rouge qui désigne à la fois la couleur et le charbon en lui-même) traite du conflit ukrainien dans le Donbass, offrant une plongée quasi-documentaire dans cette région, cœur industriel vieillissant du pays, via l’histoire de deux amis.

Vladlen est chef d’orchestre en Ukraine. Un jour, alors qu’il se produit avec son orchestre aux commémorations de libération du Donbass, il décide de faire jouer l’hymne du pays. Ce choix n’étant absolument pas du goût des séparatistes présents, ces derniers le prennent en chasse afin de lui faire payer cet affront. Vladlen est contraint de fuir et décide de rejoindre Emile, son ami d’enfance.

Démarre alors un périple qui va nous mener aux quatre coins du Donbass où l’on va découvrir les dessous de la guerre civile qui fait rage. Les deux hommes, deux amis qui se connaissent depuis toujours, fuient pour atteindre un même objectif, retrouver celles qu’ils aiment, mais leur amitié va être mise à mal en raison de leurs divergences de convictions concernant le présent et l’avenir de l’Ukraine. On découvre l’importance du passé et la manière dont il influence le présent de chacun : d’un côté, ceux qui pleurent un temps où l’Ukraine appartenait à l’URSS; de l’autre, les défenseurs de la nation ukrainienne souveraine.

Ce livre offre un regard intéressant sur le conflit ukrainien que je connais bien mal. Les personnages sont assez attachants et on prend un certain plaisir à suivre leurs aventures. Vladlen est très touchant, un peu naïf aussi et ne manque guère d’autodérision, même dans les situations les plus extrêmes. Les paysages sont décrits avec une élégance et une précision remarquables.

L’écriture est fluide, harmonieuse, sait faire varier les tonalités, du solennel au léger. Chaque mot semble avoir été choisi avec le plus grand soin par l’auteur afin de nous offrir une composition littéraire sans la moindre fausse note.

Malgré tout, j’ai parfois trouvé les considérations militaires ou politiques trop présentes, trop pesantes et souvent ennuyeuses – mais c’est une affaire de goût personnel, bien évidemment.

Un livre qui pourrait séduire bien des lecteurs, mais pas forcément un coup de cœur pour moi.

 

Qui suis-je ? Voilà une question difficile à répondre.



Je suis une femme, une mère, une Française, une fille, une amoureuse, une attachée de presse freelance et aussi (et peut-être surtout) : je suis une lectrice. Les livres ont fait bien plus que m’accompagner, me tenir compagnie, bien plus que me sauver du désespoir. Ils m’ont façonnée, ils ont sculpté ma sensibilité, mon âme, ma culture. Ils m’ont faite telle que je suis, je suis le résultat vivant de mes lectures. Ils m’ont tout appris de la vie, de l’amour, des cahots du destin, du courage qu’il faut pour exister. Je pourrais vivre sans écrire, mais je ne pourrais pas vivre sans lire, j’appellerais ça vivre à moitié.

A l’époque difficile, tendance totalitaire, qui est la nôtre, les pages sont plus que jamais indispensables. En 1920 déjà, l’écrivain André Suarès prophétisait que le livre serait « le dernier refuge de l’homme libre » : une affirmation plus que jamais d’actualité.

Et que je compte bien défendre.

Anaïs Lefaucheux
Critique & conseillère littéraire

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