Baudelaire, le diable et moi (2015) – Claire Barré

Dead poet’s society

En tant que littéraire 100% pur jus, il m’est bien évidemment plusieurs fois arrivé de fantasmer sur la rencontre avec un grand écrivain que j’admire depuis toujours.

Claire Barré a poussé cette idée jusqu’à en faire un roman plutôt plaisant, drôle et inventif, bien que virant parfois au ridicule le plus potache.

J’ai surtout aimé la première partie, qui nous dépeint la vie de « l’héroïne » de l’histoire, Clara, une scénariste loseuse, sans amis, folle dingue de poésie et qui a donc bien de mal à s’acclimater à son siècle par trop prosaïque.

J’ai trouvé la plume de Claire Barré vraiment percutante et pleine d’humour quand elle décrit cette inadéquation et le versant dépressif (mais toujours caustique) de son personnage. Et puis, un jour, un suppôt de Satan lui propose de pactiser avec ce dernier : il lui offre de voyager dans le temps à la rencontre de ses auteurs chouchous (Baudelaire, Rimbaud..). En échange elle sera damnée pendant de nombreuses années après sa mort.

S’ensuit un véritable « tourisme sexuel » qui amène Clara à s’envoyer en l’air avec les plus grands écrivains du XIXème siècle (parties de jambes en l’air décrites assez crûment j’ai trouvé). Puis advient toute une série de péripéties au gré des voyages temporels de la jeune femme… Jusqu’à l’arrivée de Baudelaire (en ectoplasme qu’elle seule peut voir) dans son studio parisien.

C’est la partie que j’ai le moins aimé, certaines scènes m’ont paru totalement risibles et idiotes, bien qu’il y ait quelques moments assez réussis (comme l’entretien chez la chef scénariste).

La prose de Claire Barré est plutôt inspirée, truculente, très imagée, assez littéraire, parfois lyrique (limite trop à mon goût), donc c’est un roman inégal mais sympathique et globalement agréable à lire !

Qui suis-je ? Voilà une question difficile à répondre.



Je suis une femme, une mère, une Française, une fille, une amoureuse, une attachée de presse freelance et aussi (et peut-être surtout) : je suis une lectrice. Les livres ont fait bien plus que m’accompagner, me tenir compagnie, bien plus que me sauver du désespoir. Ils m’ont façonnée, ils ont sculpté ma sensibilité, mon âme, ma culture. Ils m’ont faite telle que je suis, je suis le résultat vivant de mes lectures. Ils m’ont tout appris de la vie, de l’amour, des cahots du destin, du courage qu’il faut pour exister. Je pourrais vivre sans écrire, mais je ne pourrais pas vivre sans lire, j’appellerais ça vivre à moitié.

A l’époque difficile, tendance totalitaire, qui est la nôtre, les pages sont plus que jamais indispensables. En 1920 déjà, l’écrivain André Suarès prophétisait que le livre serait « le dernier refuge de l’homme libre » : une affirmation plus que jamais d’actualité.

Et que je compte bien défendre.

Anaïs Lefaucheux
Critique & conseillère littéraire

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