La dame de pique (1834) – Alexandre Pouchkine

Bien mal acquis..

Je ne suis pas d’humeur à risquer le nécessaire pour gagner le superflu.

Je découvre enfin cette nouvelle de Pouchkine, parmi les plus célèbres de l’écrivain russe. J’ai eu la chance de la lire dans la merveilleuse adaptation en roman graphique des éditions Sarbacane, avec les superbes dessins d’Hugo Bogo.

À St-Pétersbourg, nous rencontrons l’officier allemand Hermann, qui n’a qu’une idée en tête : faire fortune dans les cercles de jeu. À la faveur d’une anecdote, il entend dire que la vieille comtesse Anna Fedotovna possède une secrète combinaison de cartes qui fait gagner à tous les coups. Hermann se met en tête de parvenir à lui soutirer son secret. C’est un individu froid, calculateur et retors, dont certains disent qu’il a « le profil de Napoléon et l’âme de Méphistophélès ».

Sous un calme apparent, il cachait des passions violentes, une imagination désordonnée, mais il était toujours maître de lui et avait su se préserver des égarements ordinaires de la jeunesse.

La comtesse a à son service une dame de compagnie, une jeune femme dévouée et silencieuse du nom de Lisbeta :

Qui pourrait dire les ennuis d’une pauvre demoiselle de compagnie auprès d’une vieille femme de qualité ?

De bals en cercles de jeux, de calèches en apparitions fantomatiques, c’est aussi tout une atmosphère irrésistiblement romanesque et presque gothique qui se dégage de ce bref récit, conté de main de maître par le génial Pouchkine. Le personnage d’Hermann m’a vaguement fait penser à Oniéguine, dans le sens où ce sont deux personnages masculins que guide tout sauf le cœur et qui sont assez insensibles à l’émoi amoureux.

Une intrigue sentimentale semble se nouer entre l’officier Hermann et la dame de compagnie, mais les desseins de l’homme ne sont pas de cet ordre.. On notera les belles séquences d’échanges de regards et la cour assidue à travers lettres, caractéristiques de la sensibilité de cette époque.

Je me garderai bien de révéler la chute de cette remarquable histoire mais elle est assez bluffante et fait vraiment écho au proverbe :

« Bien mal acquis ne profite jamais ».

Brillant, comme toujours avec Pouchkine.

Qui suis-je ? Voilà une question difficile à répondre.



Je suis une femme, une mère, une Française, une fille, une amoureuse, une attachée de presse freelance et aussi (et peut-être surtout) : je suis une lectrice. Les livres ont fait bien plus que m’accompagner, me tenir compagnie, bien plus que me sauver du désespoir. Ils m’ont façonnée, ils ont sculpté ma sensibilité, mon âme, ma culture. Ils m’ont faite telle que je suis, je suis le résultat vivant de mes lectures. Ils m’ont tout appris de la vie, de l’amour, des cahots du destin, du courage qu’il faut pour exister. Je pourrais vivre sans écrire, mais je ne pourrais pas vivre sans lire, j’appellerais ça vivre à moitié.

A l’époque difficile, tendance totalitaire, qui est la nôtre, les pages sont plus que jamais indispensables. En 1920 déjà, l’écrivain André Suarès prophétisait que le livre serait « le dernier refuge de l’homme libre » : une affirmation plus que jamais d’actualité.

Et que je compte bien défendre.

Anaïs Lefaucheux
Critique & conseillère littéraire

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