La famille Martin (2020) – David Foenkinos

La vie est un roman

Quand on est comme moi en couple avec un Martin (nom le plus porté de France avec plus de 250 000 personnes concernées), on ne peut qu’être intrigué par ce nouveau millésime de Foenkinos (dont j’avais aimé La délicatesse et Le potentiel érotique de ma femme, il y a quelques années) (j’étais alors moins exigeante littérairement qu’aujourd’hui).

Si ce roman ne va pas révolutionner la littérature tricolore ni ne marquera bien longtemps les esprits, il n’en demeure pas moins une lecture plaisante et tendre, comme sait le faire cet auteur. Le pitch est rigolo et suscite la curiosité : David est en panne d’inspiration et décide que son prochain roman sera consacré à la première personne qu’il croisera en sortant de chez lui. C’est ainsi qu’il va faire la connaissance de Madeleine Tricot, une vieille dame, ancienne couturière de Lagerfeld, puis de sa fille, mariée à un certain Patrick Martin. D’où le nom du roman, puisque l’intrigue va beaucoup se concentrer sur cette famille, sorte de maître étalon de la tribu moyenne hexagonale.

J’ai aimé la générosité de Foenkinos (qui ne lésine pas sur les confidences sur l’écriture) et son humilité quant à l’approche créative : celui-ci nous raconte comme il est parfois difficile de trouver des idées de fiction mais comme le réel dépasse aussi parfois les histoires les plus invraisemblables. L’auteur voulait sans doute, en brossant le portrait de cette famille à la fois singulière et très banale, atteindre à l’universel. Las ! Il parvient à toucher une corde sensible pas très difficile à trouver et qu’on retrouve dans toutes les têtes de gondole : le couple qui bat de l’aile, l’ado rebelle ou bravache, l’entreprise qui broie les êtres etc.

Même si tout est bien qui finit (un peu trop) bien, j’ai trouvé que tout cela respirait un peu une sorte de médiocrité joyeuse qui m’a laissée un peu perplexe. Foenkinos a des formules marrantes et est plein d’empathie mais il m’a paru aussi un peu tiède, un peu mièvre, un peu trop dans le sentimentalisme sirupeux. C’est sans doute qu’au fond de moi je me sens proche de ces écueils et travers, mais il m’a déplu que ces facilités de pathos se retrouvent en collection Blanche… J’ai aimé les anecdotes sur Lagerfeld et les traits d’humour de l’auteur mais c’est une lecture hautement dispensable qui livre une vision pas vraiment passionnante de la famille française moyenne. Gentillet, dirons-nous. Allez, next !

Qui suis-je ? Voilà une question difficile à répondre.



Je suis une femme, une mère, une Française, une fille, une amoureuse, une attachée de presse freelance et aussi (et peut-être surtout) : je suis une lectrice. Les livres ont fait bien plus que m’accompagner, me tenir compagnie, bien plus que me sauver du désespoir. Ils m’ont façonnée, ils ont sculpté ma sensibilité, mon âme, ma culture. Ils m’ont faite telle que je suis, je suis le résultat vivant de mes lectures. Ils m’ont tout appris de la vie, de l’amour, des cahots du destin, du courage qu’il faut pour exister. Je pourrais vivre sans écrire, mais je ne pourrais pas vivre sans lire, j’appellerais ça vivre à moitié.

A l’époque difficile, tendance totalitaire, qui est la nôtre, les pages sont plus que jamais indispensables. En 1920 déjà, l’écrivain André Suarès prophétisait que le livre serait « le dernier refuge de l’homme libre » : une affirmation plus que jamais d’actualité.

Et que je compte bien défendre.

Anaïs Lefaucheux
Critique & conseillère littéraire

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