Le Horla (1886) – Guy de Maupassant

Scènes de la vie campagnarde

En une quinzaine de nouvelles plus ou moins courtes, Maupassant brosse un tableau aussi truculent que touchant de la Normandie d’alors. Le récit qui ouvre le recueil et lui donne son titre est le plus long et le plus célèbre (un homme se sent possédé par une entité invisible qui le poursuit). Cette nouvelle a d’ailleurs donné à ce livre sa notoriété « fantastique » alors que les autres sont tout à fait réalistes.

On y croise différents personnages et séquences, soit des paysans soit des nobles, aux prises avec une situation particulière : une marquise fait embaucher une jolie bonne pour prendre son mari en flag’ et demander le divorce (« Sauvée ») ; un paysan dont la vieille mère agonise et qui doit rentrer son blé va demander à une mégère de la veiller, mais pour celle-ci, le temps, c’est de l’argent (« Le diable ») ; un groupe de soldats fait bombance dans la maison bourgeoise d’un village désert, et invitent le curé local et 4 paroissiennes pas vraiment de leur goût (« Les Rois ») ; une partie de chasse entre cousins vire à la réflexion existentielle sur la sarcelle (« Amour ») ; une patrie de pêche finit au tribunal pour 2 couples (« Le trou ») ; un vagabond qui crie famine supplie les gendarmes de l’embarquer (« Le vagabond ») ; deux amies échangent des secrets de séduction (« Joseph », sûrement ma nouvelle préférée)…

Autant de précipités d’humanité (et de Normandie !), drôles, émouvants ou surprenants, portés par un style exemplaire d’élégance et de sobriété qui livre de nombreuses vérités absolues sur les hommes et les femmes …
Un vrai régal !

 

(Lu à Beuil le 18 août 2024)

Qui suis-je ? Voilà une question difficile à répondre.



Je suis une femme, une mère, une Française, une fille, une amoureuse, une attachée de presse freelance et aussi (et peut-être surtout) : je suis une lectrice. Les livres ont fait bien plus que m’accompagner, me tenir compagnie, bien plus que me sauver du désespoir. Ils m’ont façonnée, ils ont sculpté ma sensibilité, mon âme, ma culture. Ils m’ont faite telle que je suis, je suis le résultat vivant de mes lectures. Ils m’ont tout appris de la vie, de l’amour, des cahots du destin, du courage qu’il faut pour exister. Je pourrais vivre sans écrire, mais je ne pourrais pas vivre sans lire, j’appellerais ça vivre à moitié.

A l’époque difficile, tendance totalitaire, qui est la nôtre, les pages sont plus que jamais indispensables. En 1920 déjà, l’écrivain André Suarès prophétisait que le livre serait « le dernier refuge de l’homme libre » : une affirmation plus que jamais d’actualité.

Et que je compte bien défendre.

Anaïs Lefaucheux
Critique & conseillère littéraire

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