Le restaurant de l’amour retrouvé (2008) – Ito Ogawa

L’eau à la bouche et les larmes aux yeux

Je viens tout simplement de refermer l’un des plus beaux livres de ma vie. A ce titre, je voudrais commencer par remercier ma chère P. , qui se reconnaîtra, pour ce divin conseil, donné les yeux dans les yeux, par un froid soir d’octobre parisien.

Cette lecture est au moins aussi belle et puissante que notre rencontre. Tu m’as fait un inestimable cadeau en me parlant de ce bref joyau – ce qui me fait penser que, parfois, un geste d’amitié s’apparente fort à un geste d’amour. Je n’aurais sans doute jamais fait connaissance avec ce livre sans ton truchement : pour ça, un très très grand merci.

C’est un livre à offrir, les yeux fermés, à n’importe qui : un aïeul aimé, un ami estimé, une simple connaissance ou même un passant dans la rue : tous en sortiront bouleversés. Il y a une magie, une poésie, une beauté extraordinaires qui se dégagent de ce livre, qui est tant de choses à la fois.

Ode alléchante à la cuisine japonaise, chant d’amour filial, prière au cosmos, leçon de courage face à l’adversité, merveilleuses réflexions sur le deuil : le tout porté par une traduction d’une délicatesse et d’une pudeur renversantes, qui m’a laissée éblouie.

J’ai refermé ce livre en larmes, à la fois heureuse et triste d’avoir fait ce voyage avec Rinco, la sans-parole qui ne peut dire son amour qu’à travers sa cuisine, dont le mysticisme lyrique m’a terrassée de sa beauté. Ce sentiment d’avoir entre les mains une œuvre qui va rester, qui vous fait un bien fou, qui va compter pour toujours, qui vous fait grandir, penser, évoluer, qui change soudain votre regard sur la vie : voilà ce que j’ai toujours attendu de la littérature.

Voilà le fabuleux cadeau que m’a fait Ito Ogawa.

Arrêtez tout et lisez ce livre, puis offrez-le, passez-le, parlez-en autour de vous à ceux que vous aimez : « Le restaurant de l’amour retrouvé » est tout simplement un chef d’œuvre, à mettre entre toutes les mains, le plus rapidement possible.

Qui suis-je ? Voilà une question difficile à répondre.



Je suis une femme, une mère, une Française, une fille, une amoureuse, une attachée de presse freelance et aussi (et peut-être surtout) : je suis une lectrice. Les livres ont fait bien plus que m’accompagner, me tenir compagnie, bien plus que me sauver du désespoir. Ils m’ont façonnée, ils ont sculpté ma sensibilité, mon âme, ma culture. Ils m’ont faite telle que je suis, je suis le résultat vivant de mes lectures. Ils m’ont tout appris de la vie, de l’amour, des cahots du destin, du courage qu’il faut pour exister. Je pourrais vivre sans écrire, mais je ne pourrais pas vivre sans lire, j’appellerais ça vivre à moitié.

A l’époque difficile, tendance totalitaire, qui est la nôtre, les pages sont plus que jamais indispensables. En 1920 déjà, l’écrivain André Suarès prophétisait que le livre serait « le dernier refuge de l’homme libre » : une affirmation plus que jamais d’actualité.

Et que je compte bien défendre.

Anaïs Lefaucheux
Critique & conseillère littéraire

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