L’Élégant (2021) – Barthélémy Desplats

Dans le creux de la vague

Je ne sais pas ce qui m’énerve le plus ici : qu’une maison d’édition prestigieuse comme Grasset publie ce genre de platitude littéraire ou qu’un jeune pubard surfeur Versailles/Saint-Malo se croie romancier après avoir commis un texte qui ne vaut pas plus qu’une passable rédaction de 4ème.

J’émerge profondément agacée par ce premier « roman » (qui sent le journal intime à plein nez) et espère de tout cœur, par respect pour la littérature, que l’auteur en restera là avec ses prétentions romanesques. De quoi nous parle cet « Élégant »? (dont la vanité, l’hybris, se lisent dès le titre)

Ça nous raconte le road-trip entre Antoine (fils de bonne famille trentenaire bossant à Paris dans la pub et fan de surf et de pétards) et son père, un personnage imbuvable et caricatural (bourgeois méprisant se la jouant chic, golf, cigares et Cap Ferret – c’est lui dont parle le titre, en toute modestie !) entre Pays basque et Portugal.

Le fils voudrait surfer les vagues légendaires de Nazaré et décide donc sur un coup de tête, de prolonger leur week-end en s’y rendant à bord de leur petite voiture. Antoine entretient avec son père une relation distante et conflictuelle, basée sur l’absence et l’indifférence depuis l’adolescence.

Nous les suivons entre France, Espagne et Portugal, avec l’impression d’être au milieu d’un guide touristique moyennement bien écrit. Il est évident que ce texte est celui de quelqu’un qui ne lit pas et se contente d’enfiler les perles et les phrases convenues.

Les principaux problèmes de ce livre :

– les personnages ne sont pas attachants, sont même assez exaspérants (le père en tête), vaniteux, manquant d’authenticité, poseurs, pas sentimentaux, incapables de s’exprimer avec profondeur

– le style est d’une indigence affligeante, les dialogues sont creux, les situations infiniment clichées

Tout cela concourt à rendre l’ensemble maniéré et bien peu naturel. Ça me fait un peu penser à un film de Guillaume Canet (genre « Les petits mouchoirs ») où tout sonne faux, où l’émotion ne vient jamais, où chaque scène sent le jeu poussif, où rien n’est sincère, mais comme on nous place des gens beaux dans de beaux cadres, quelques sorties sur l’amitié et la vie est courte, et on pense que ça suffira.

Pourtant ici, l’histoire prend un tour dramatique, puisque le père est en mauvaise santé et qu’on sent bien que ce voyage de retrouvailles est le dernier. Mais rien à faire, l’émotion est aux abonnés absente et le style, banal à pleurer et dénué de toute authenticité, achève de faire de ce « roman » un naufrage littéraire.

Beigbeder a osé qualifier ce roman « d’exceptionnel » et je ne peux que penser qu’il l’a fait soit par amitié pour l’auteur et/ou sa famille (ils ont après tout le Pays basque en commun), soit par mauvaise foi aveugle quant à la définition d’un « roman exceptionnel ».

Non, « L’élégant » est un roman prétentieux et sans intérêt, digne d’un épisode de « Plus belle la vie » (et encore).

Tu sais, je voulais te dire que j’avais trouvé ce voyage super. C’est vrai qu’on s’est bien marrés, même si je n’ai pas beaucoup surfé.. En tous cas on le refera, maintenant qu’on sait que c’est possible. On aurait dû le faire plus tôt ! Mais on a perdu tellement de temps toi et moi.. Oh putain… Aussi abasourdi que moi, mon père renchérit : Oh la vache…

En un mot comme en cent : le jeune Barthélemy Desplats a écrit des pla

titudes.

Qui suis-je ? Voilà une question difficile à répondre.



Je suis une femme, une mère, une Française, une fille, une amoureuse, une attachée de presse freelance et aussi (et peut-être surtout) : je suis une lectrice. Les livres ont fait bien plus que m’accompagner, me tenir compagnie, bien plus que me sauver du désespoir. Ils m’ont façonnée, ils ont sculpté ma sensibilité, mon âme, ma culture. Ils m’ont faite telle que je suis, je suis le résultat vivant de mes lectures. Ils m’ont tout appris de la vie, de l’amour, des cahots du destin, du courage qu’il faut pour exister. Je pourrais vivre sans écrire, mais je ne pourrais pas vivre sans lire, j’appellerais ça vivre à moitié.

A l’époque difficile, tendance totalitaire, qui est la nôtre, les pages sont plus que jamais indispensables. En 1920 déjà, l’écrivain André Suarès prophétisait que le livre serait « le dernier refuge de l’homme libre » : une affirmation plus que jamais d’actualité.

Et que je compte bien défendre.

Anaïs Lefaucheux
Critique & conseillère littéraire

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