Septuor (2000) – Claude Pujade-Renaud & Daniel Zimmerman

Pervers universitaires

Un roman épistolaire à 7 voix, écrit à 4 mains, et qui revisite, à la sauce universitaire, les « Liaisons dangereuses » de Laclos dans les années 80.

Une polyphonie partagée entre des doyens comploteurs et amants (mais tout le monde semble l’être dans ce texte !), Michèle et Vincent, un couple de profs, Julien et Mathilde, dont elle, une somptueuse rousse, cherche à grimper les échelons en baissant sa culotte devant son directeur, le « ventripotent » Jacques.

(c’quon f’rait pas pour se voir édité aux PUF…)

Le mari, Julien, enchaîne les maîtresses et nul ne se cache rien, on se raconte tout, ses soirées avec « sa » Catherine à son officielle, ses pannes avec « la Miss », ses embardées sensuelles avec une danseuse ; de son côté, Mathilde accepte tout, parties fines à plusieurs au « Marginal », un bar interlope, où l’espionnera son vieil amant et dont elle fait le compte-rendu à son mari…

En coulisses et en parallèle, ça tire les ficelles politiques, ça conspire rt chuchote pour faire élire, nommer ou écraser, dans une sarabande à la fois drôle, cynique et mélancolique..

Ça baise, ça partouze, ça se tourmente, ça s’écrit mais ça bosse pas beaucoup à la fac, on dirait ! Et ce n’est pas le glissement d’une petite citation de Diderot ou la mention des copies de khâgne à corriger qui y changera grand chose. Vaste libéralité dans les échanges sexuels, femmes ensemble, hommes ensemble, triolisme et plus si affinités, tout est ouvert, possible, assumé avec un naturel ébouriffant bien que peu réaliste.

Un roman qui fait réfléchir et dérange, en ce qu’il interroge la fidélité sexuelle, l’attachement, l’honnêteté, l’égalité entre les hommes et les femmes quant à la liberté sensuelle, la carrière, la prostitution etc.

Le lecteur ne peut que trouver parfaitement invraisemblables certaines situations et attitudes formidablement compréhensives de la part des protagonistes : avec « Septuor », nous sommes clairement dans la fiction mais une fiction bien écrite, agréable, audacieuse et sulfureuse dans ses propositions.

Pas mal du tout.

Qui suis-je ? Voilà une question difficile à répondre.



Je suis une femme, une mère, une Française, une fille, une amoureuse, une attachée de presse freelance et aussi (et peut-être surtout) : je suis une lectrice. Les livres ont fait bien plus que m’accompagner, me tenir compagnie, bien plus que me sauver du désespoir. Ils m’ont façonnée, ils ont sculpté ma sensibilité, mon âme, ma culture. Ils m’ont faite telle que je suis, je suis le résultat vivant de mes lectures. Ils m’ont tout appris de la vie, de l’amour, des cahots du destin, du courage qu’il faut pour exister. Je pourrais vivre sans écrire, mais je ne pourrais pas vivre sans lire, j’appellerais ça vivre à moitié.

A l’époque difficile, tendance totalitaire, qui est la nôtre, les pages sont plus que jamais indispensables. En 1920 déjà, l’écrivain André Suarès prophétisait que le livre serait « le dernier refuge de l’homme libre » : une affirmation plus que jamais d’actualité.

Et que je compte bien défendre.

Anaïs Lefaucheux
Critique & conseillère littéraire

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