Soumission (2015) – Michel Houellebecq

Islamophobe ? N’importe quoi !

A entendre les différentes critiques qui ont accompagné la sortie de ce texte (le 7 janvier 2015) – de Manuel Valls à Ali Baddou – on s’attend à lire un brûlot fasciste, commis dans le seul but de faire le jeu du Rassemblement national. Après avoir refermé ce livre, je me suis demandée si ceux qui le mettaient à l’index l’avaient vraiment lu : en effet, je n’ai rien trouvé de bien choquant ou qui pourrait s’apparenter à une quelconque islamophobie de la part de ce très grand romancier. On y retrouve, comme d’habitude, un personnage central brillant mais au bord du suicide, bougon, seul et désœuvré, à la sexualité contrariée, parangon de l’intello occidental célibataire qui subit de plein fouet les affres d’un individualisme grandissant. J’y ai également trouvé de superbes descriptions du Lot, des explications aussi lyriques que précises de certains concepts de l’Islam, une très belle ode à Huysmans qui file tout le roman, une féroce peinture socialo-politique et surtout une certaine islamophilie dans ce désir de « pédagogiser » cette religion et ses potentielles conséquences sur la société française. Vraiment un excellent cru que ce Houellebecq, toujours aussi talentueux et incisif dans les tableaux qu’il brosse des turpitudes et des préoccupations de notre société.

Qui suis-je ? Voilà une question difficile à répondre.



Je suis une femme, une mère, une Française, une fille, une amoureuse, une attachée de presse freelance et aussi (et peut-être surtout) : je suis une lectrice. Les livres ont fait bien plus que m’accompagner, me tenir compagnie, bien plus que me sauver du désespoir. Ils m’ont façonnée, ils ont sculpté ma sensibilité, mon âme, ma culture. Ils m’ont faite telle que je suis, je suis le résultat vivant de mes lectures. Ils m’ont tout appris de la vie, de l’amour, des cahots du destin, du courage qu’il faut pour exister. Je pourrais vivre sans écrire, mais je ne pourrais pas vivre sans lire, j’appellerais ça vivre à moitié.

A l’époque difficile, tendance totalitaire, qui est la nôtre, les pages sont plus que jamais indispensables. En 1920 déjà, l’écrivain André Suarès prophétisait que le livre serait « le dernier refuge de l’homme libre » : une affirmation plus que jamais d’actualité.

Et que je compte bien défendre.

Anaïs Lefaucheux
Critique & conseillère littéraire

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