Islamophobe ? N’importe quoi !
A entendre les différentes critiques qui ont accompagné la sortie de ce texte (le 7 janvier 2015) – de Manuel Valls à Ali Baddou – on s’attend à lire un brûlot fasciste, commis dans le seul but de faire le jeu du Rassemblement national. Après avoir refermé ce livre, je me suis demandée si ceux qui le mettaient à l’index l’avaient vraiment lu : en effet, je n’ai rien trouvé de bien choquant ou qui pourrait s’apparenter à une quelconque islamophobie de la part de ce très grand romancier. On y retrouve, comme d’habitude, un personnage central brillant mais au bord du suicide, bougon, seul et désœuvré, à la sexualité contrariée, parangon de l’intello occidental célibataire qui subit de plein fouet les affres d’un individualisme grandissant. J’y ai également trouvé de superbes descriptions du Lot, des explications aussi lyriques que précises de certains concepts de l’Islam, une très belle ode à Huysmans qui file tout le roman, une féroce peinture socialo-politique et surtout une certaine islamophilie dans ce désir de « pédagogiser » cette religion et ses potentielles conséquences sur la société française. Vraiment un excellent cru que ce Houellebecq, toujours aussi talentueux et incisif dans les tableaux qu’il brosse des turpitudes et des préoccupations de notre société.