La vie princière (2018) – Marc Pautrel

Brève rencontre

Le texte est une lettre qu’un homme adresse à une certaine « L. » qu’il va tutoyer tout au long de ce très (trop) bref récit.

Le narrateur, qui s’exprime à la première personne, est un écrivain qui passe trois jours dans un luxueux domaine planté d’oliviers, où il rencontre une thésarde italienne dont il tombe amoureux. Il raconte leurs journées et leurs soirées à se frôler, elle qui mentionne son « compagnon » sans savoir que cette évocation tue son interlocuteur, un homme timide et pudique, qui n’ose franchir la frontière amicale, malgré des velléités plus sensuelles.

Parler avec toi, être à côté de toi, me semble une expérience surhumaine, et pour ainsi dire divine.

L’écriture est délicate, mélancolique, très simple et sobre, peut-être trop, on a un peu envie de secouer le narrateur qui est toujours sur la retenue, qui pense beaucoup mais agit peu envers cette femme qu’il désire et dont il quête la présence à chaque instant.

Chaque seconde de ce dîner sera pour moi sacrée, jusqu’à la dernière, celle qui nous séparera puisque toujours je finis par être séparé des femmes dont je tombe amoureux.

« La vie princière » (pour parler du train de vie royal des convives du Domaine) compte moins de 70 pages, ce qui m’a semblé frustrant et ne peut que laisser sur sa faim, avec un sentiment d’inachevé assez frustrant. Jusqu’au dernier dîner, au dernier instant, on espère qu’il se passe quelque chose entre eux mais rien.

L’ensemble laisse une impression de tendre banalité, on est loin de la passion, du panache et de la flamboyance, plutôt du côté des petits pas, des petites touches timorées, des sentiments tus. C’est doux, c’est gentillet mais ça manque d’épaisseur sensible et charnelle, ça manque de cul et de lyrisme, bref tout ce qui donne du sel à nos expériences amoureuses…
Comme une saveur d’inassouvi un peu pénible.

Quelques jolis passages et trouvailles mais rien d’inoubliable.
Dommage.

Mais qu’est-ce que la lecture et la littérature en comparaison de ta présence vivante ?

Qui suis-je ? Voilà une question difficile à répondre.



Je suis une femme, une mère, une Française, une fille, une amoureuse, une attachée de presse freelance et aussi (et peut-être surtout) : je suis une lectrice. Les livres ont fait bien plus que m’accompagner, me tenir compagnie, bien plus que me sauver du désespoir. Ils m’ont façonnée, ils ont sculpté ma sensibilité, mon âme, ma culture. Ils m’ont faite telle que je suis, je suis le résultat vivant de mes lectures. Ils m’ont tout appris de la vie, de l’amour, des cahots du destin, du courage qu’il faut pour exister. Je pourrais vivre sans écrire, mais je ne pourrais pas vivre sans lire, j’appellerais ça vivre à moitié.

A l’époque difficile, tendance totalitaire, qui est la nôtre, les pages sont plus que jamais indispensables. En 1920 déjà, l’écrivain André Suarès prophétisait que le livre serait « le dernier refuge de l’homme libre » : une affirmation plus que jamais d’actualité.

Et que je compte bien défendre.

Anaïs Lefaucheux
Critique & conseillère littéraire

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