Kabukicho (2016) – Dominique Sylvain

Tokyo by night

Sombre plongée dans les nuits de Tokyo, zoom sur l’un de ses quartiers chauds : Kabukicho, un espace interlope où se nichent de sulfureux bars à hôtes et hôtesses.

Dominique Sylvain plante dans ce cadre à la fois glamour, pervers et ténébreux, plusieurs personnages qui vont se croiser : Yudai, la star des hôtes, propriétaire du Café Château, et celui pour qui toutes se pâment, prêtes à payer des fortunes pour s’attirer ses faveurs.

Homme seul et mélancolique, il se lie d’amitié avec une anglaise installée sur place, Kate. Celle-ci est également hôtesse au Club Gaïa et vit en colocation avec Marie, une française. Le polar s’engage lorsque Kate disparaît. La dernière trace que l’on retrouve d’elle est une photo, envoyée par son téléphone sur celui de son père – avec qui elle n’est plus en contact depuis des lustres : on y voit la jeune femme endormie avec pour légende « elle dort ici ».

Une enquête s’engage pour la retrouver, qui fera bien sûr intervenir la police japonaise, qui m’a beaucoup rappelé son homologue sud-coréen au cinéma dans son inefficacité, ses coups de sang et son talent pour se gourer de pistes.

Dominique Sylvain – auteur que je pensais masculin au départ au vu de son style ! – possède une plume nerveuse, sèche, incisive, percutante, ponctuée ça et là de percées poétiques ou au contraire, très orales, qui m’ont ravie. Les dialogues sont très vivants, font efficacement avancer l’intrigue. Elle parvient à passer d’une voix à l’autre avec une parfaite maîtrise et à entretenir le suspense jusqu’au bout.

J’ai adoré cette visite des milieux chauds tokyoïtes avec leurs inévitables yakuzas et gros bras venant faire pression sur leurs débiteurs. Bien qu’un peu facile dans son dénouement, ce livre m’a attrapée dès les premiers pages et ne m’a pas lâchée jusqu’à la dernière… dernières pages qui réservent d’ailleurs leur lot de surprises !

Bref, un polar singulier, sexy, rythmé et intelligent que je recommande vraiment ! (Et dont j’espère vraiment une suite)

Qui suis-je ? Voilà une question difficile à répondre.



Je suis une femme, une mère, une Française, une fille, une amoureuse, une attachée de presse freelance et aussi (et peut-être surtout) : je suis une lectrice. Les livres ont fait bien plus que m’accompagner, me tenir compagnie, bien plus que me sauver du désespoir. Ils m’ont façonnée, ils ont sculpté ma sensibilité, mon âme, ma culture. Ils m’ont faite telle que je suis, je suis le résultat vivant de mes lectures. Ils m’ont tout appris de la vie, de l’amour, des cahots du destin, du courage qu’il faut pour exister. Je pourrais vivre sans écrire, mais je ne pourrais pas vivre sans lire, j’appellerais ça vivre à moitié.

A l’époque difficile, tendance totalitaire, qui est la nôtre, les pages sont plus que jamais indispensables. En 1920 déjà, l’écrivain André Suarès prophétisait que le livre serait « le dernier refuge de l’homme libre » : une affirmation plus que jamais d’actualité.

Et que je compte bien défendre.

Anaïs Lefaucheux
Critique & conseillère littéraire

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