Dis-moi qui je suis
Un homme se réveille, blessé, sur une plage des îles Hébrides en Écosse. Il n’a plus aucun souvenir de qui il est, ni ce qu’il fait là. On semble le reconnaître et lui attribuer une identité, il découvre qu’il vit dans une bicoque non loin mais rien ne lui revient.
Rien.
Au fur et à mesure de ses rencontres, celui qu’on appelle Neal va chercher à comprendre ce qui lui est arrivé… Et il n’est pas au bout de ses surprises. Le livre alterne intelligemment dans sa construction les passages le concernant et d’autres, liés à des personnages qui se tresseront à son existence, et qui lui permettront de reconstituer le puzzle de sa vie. Le titre est trompeur : de ces « disparus du phare », il ne sera en fait que très peu question, à mon grand regret d’ailleurs. Il y avait là pour moi une piste aussi sombre que surnaturelle à exploiter.
L’intérêt de ce récit réside dans sa dénonciation de certaines dérives environnementales contemporaines, qui parleront à tous ceux qui sont un peu au fait de la problématique très actuelle des abeilles. Pourtant, quand bien même le terme néonicotinoïde ne vous dit rien, vous sortirez plus renseignés sur ce vaste combat opposant défenseurs de la vie et lobbies agrochimiques, tel que le relaient de nombreuses pétitions circulant sur la toile ces dernières années.
Peter May, scénariste pour la télévision avant d’être écrivain, sait installer une atmosphère ténébreuse, aux descriptions riches et belles, tout en déployant une thèse intéressante et très contemporaine. Rendons grâce une nouvelle fois au talent de son traducteur qui a su rendre toute l’épaisseur et la poésie de sa langue, et parvient à embarquer le lecteur dans une ambiance des plus romanesques.
Certains regrettent les invraisemblances du scénario mais depuis quand un polar doit-il coller au réel ? Je me suis pour ma part totalement plue dans ce page turner rondement mené qui m’a beaucoup surprise.
Un bon moment de lecture bien dans son temps, à la fois angoissant et divertissant.