Les disparus du phare (2016) – Peter May

Dis-moi qui je suis

Un homme se réveille, blessé, sur une plage des îles Hébrides en Écosse. Il n’a plus aucun souvenir de qui il est, ni ce qu’il fait là. On semble le reconnaître et lui attribuer une identité, il découvre qu’il vit dans une bicoque non loin mais rien ne lui revient.

Rien.

Au fur et à mesure de ses rencontres, celui qu’on appelle Neal va chercher à comprendre ce qui lui est arrivé… Et il n’est pas au bout de ses surprises. Le livre alterne intelligemment dans sa construction les passages le concernant et d’autres, liés à des personnages qui se tresseront à son existence, et qui lui permettront de reconstituer le puzzle de sa vie. Le titre est trompeur : de ces « disparus du phare », il ne sera  en fait que très peu question, à mon grand regret d’ailleurs. Il y avait là pour moi une piste aussi sombre que surnaturelle à exploiter.

L’intérêt de ce récit réside dans sa dénonciation de certaines dérives environnementales contemporaines, qui parleront à tous ceux qui sont un peu au fait de la problématique très actuelle des abeilles. Pourtant, quand bien même le terme néonicotinoïde ne vous dit rien, vous sortirez plus renseignés sur ce vaste combat opposant défenseurs de la vie et lobbies agrochimiques, tel que le relaient de nombreuses pétitions circulant sur la toile ces dernières années.

Peter May, scénariste pour la télévision avant d’être écrivain, sait installer une atmosphère ténébreuse, aux descriptions riches et belles, tout en déployant une thèse intéressante et très contemporaine. Rendons grâce une nouvelle fois au talent de son traducteur qui a su rendre toute l’épaisseur et la poésie de sa langue, et parvient à embarquer le lecteur dans une ambiance des plus romanesques.

Certains regrettent les invraisemblances du scénario mais depuis quand un polar doit-il coller au réel ? Je me suis pour ma part totalement plue dans ce page turner rondement mené qui m’a beaucoup surprise.

Un bon moment de lecture bien dans son temps, à la fois angoissant et divertissant.

Qui suis-je ? Voilà une question difficile à répondre.



Je suis une femme, une mère, une Française, une fille, une amoureuse, une attachée de presse freelance et aussi (et peut-être surtout) : je suis une lectrice. Les livres ont fait bien plus que m’accompagner, me tenir compagnie, bien plus que me sauver du désespoir. Ils m’ont façonnée, ils ont sculpté ma sensibilité, mon âme, ma culture. Ils m’ont faite telle que je suis, je suis le résultat vivant de mes lectures. Ils m’ont tout appris de la vie, de l’amour, des cahots du destin, du courage qu’il faut pour exister. Je pourrais vivre sans écrire, mais je ne pourrais pas vivre sans lire, j’appellerais ça vivre à moitié.

A l’époque difficile, tendance totalitaire, qui est la nôtre, les pages sont plus que jamais indispensables. En 1920 déjà, l’écrivain André Suarès prophétisait que le livre serait « le dernier refuge de l’homme libre » : une affirmation plus que jamais d’actualité.

Et que je compte bien défendre.

Anaïs Lefaucheux
Critique & conseillère littéraire

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