La mélancolie gracieuse
J’ai refermé ce (trop!) court roman d’Alessandro Baricco avec l’envie que cela dure davantage, d’être plongée plus longtemps dans ces trajectoires, ces destins qui se croisent au moment de faire un choix, ces carrefours de vies entremêlées la nuit dans un hôtel et qui se dénouent à l’aube.
Je rends grâce à la merveilleuse traduction qui porte véritablement ces quelques pages : merci à Lise Caillat pour son sens aigu de la poésie en prose – un traducteur sera toujours pour moi un écrivain avant tout ! J’ai été touchée par ces brèves d’existence où quelque chose dans les êtres doit se dénouer, où la parole doit accoucher de quelque chose d’enfoui pour mieux aider son propriétaire à s’ouvrir, à se découvrir et à avancer..
Nous assistons à une véritable maïeutique romanesque, couplée à un vrai sens du dialogue, théâtral mais sobre – du plus bel effet – qui achève de donner à ces trois courtes histoires, une puissance de vie absolument indéniable. Un petit livre magnifique, à l’élégance romantique et mélancolique, qui fera à coup sûr vibrer votre corde sensible…
Il dit qu’il faut faire attention quand on est jeune parce que la lumière dans laquelle on vit, jeune, est la lumière qui nous suivra toujours. (…) Il dit que beaucoup de gens sont mélancoliques dans leur jeunesse et qu’en fin de compte, ils le restent toujours. Qu’ils ont grandi dans la pénombre, et que la pénombre les poursuit toute leur vie.