Trois fois dès l’aube (2012) – Alessandro Baricco

La mélancolie gracieuse

J’ai refermé ce (trop!) court roman d’Alessandro Baricco avec l’envie que cela dure davantage, d’être plongée plus longtemps dans ces trajectoires, ces destins qui se croisent au moment de faire un choix, ces carrefours de vies entremêlées la nuit dans un hôtel et qui se dénouent à l’aube.

Je rends grâce à la merveilleuse traduction qui porte véritablement ces quelques pages : merci à Lise Caillat pour son sens aigu de la poésie en prose – un traducteur sera toujours pour moi un écrivain avant tout ! J’ai été touchée par ces brèves d’existence où quelque chose dans les êtres doit se dénouer, où la parole doit accoucher de quelque chose d’enfoui pour mieux aider son propriétaire à s’ouvrir, à se découvrir et à avancer..

Nous assistons à une véritable maïeutique romanesque, couplée à un vrai sens du dialogue, théâtral mais sobre – du plus bel effet – qui achève de donner à ces trois courtes histoires, une puissance de vie absolument indéniable. Un petit livre magnifique, à l’élégance romantique et mélancolique, qui fera à coup sûr vibrer votre corde sensible…

Il dit qu’il faut faire attention quand on est jeune parce que la lumière dans laquelle on vit, jeune, est la lumière qui nous suivra toujours. (…) Il dit que beaucoup de gens sont mélancoliques dans leur jeunesse et qu’en fin de compte, ils le restent toujours. Qu’ils ont grandi dans la pénombre, et que la pénombre les poursuit toute leur vie.

Qui suis-je ? Voilà une question difficile à répondre.



Je suis une femme, une mère, une Française, une fille, une amoureuse, une attachée de presse freelance et aussi (et peut-être surtout) : je suis une lectrice. Les livres ont fait bien plus que m’accompagner, me tenir compagnie, bien plus que me sauver du désespoir. Ils m’ont façonnée, ils ont sculpté ma sensibilité, mon âme, ma culture. Ils m’ont faite telle que je suis, je suis le résultat vivant de mes lectures. Ils m’ont tout appris de la vie, de l’amour, des cahots du destin, du courage qu’il faut pour exister. Je pourrais vivre sans écrire, mais je ne pourrais pas vivre sans lire, j’appellerais ça vivre à moitié.

A l’époque difficile, tendance totalitaire, qui est la nôtre, les pages sont plus que jamais indispensables. En 1920 déjà, l’écrivain André Suarès prophétisait que le livre serait « le dernier refuge de l’homme libre » : une affirmation plus que jamais d’actualité.

Et que je compte bien défendre.

Anaïs Lefaucheux
Critique & conseillère littéraire

Rester en contact

Restez informé·e !
Chaque semaine, retrouvez mes coups de cœur du moment, trouvailles, rencontres et hasards littéraires qui offrent un supplément d'âme au quotidien !